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Projection du film Nos ancêtres les Gauloises 2012 à Saint-Léger-sous-Beuvray - Saone-et-Loire / Foxoo
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FranceSaône-et-Loire
Source : #24710 Publié le 07/09/12 | Vues : 58

Projection du film Nos ancêtres les Gauloises 2012 à Saint-Léger-sous-Beuvray / Saone-et-Loire

Evènement passé.

Le samedi 15 septembre 2012 à Saint-Léger-sous-Beuvray.

Dans son dernier film, Nos ancêtres les Gauloises, l'auteur s'attaque à la question de l'identité nationale. Entre humour et émotion, dix femmes françaises venues d'ailleurs racontent en public leur histoire d'amour avec la France. Ce film est présenté au musée de Bibracte, car toute l'histoire a commencé là ! le groupe est venu visité le musée, sur les traces de nos ancêtres les Gaulois .








Entretien avec Christian Zerbib :
En quoi l'exil vous concerne t-il ?
Ça a commencé avec l'arrivée de ma grand-mère en France, lorsque je l'ai connue dans les années 60. Elle semblait quelque peu déplacée, comme si elle n'arrivait pas à trouver ses marques. C'était vrai aussi pour mes oncles et tantes rapatriés au même moment. C'est là que j'ai dû prendre conscience que l'exil était tout autant un déplacement physique qu'un déplacement de valeurs, de culture, de perceptions, avec le flot d'émotion que cela suppose.

C'est sûrement donc pour votre grand-mère que vous abordez ce thème dans le film à travers le portrait de ces mères exilées ?
En partie, mais il y a aussi ma propre belle-mère immigrée. Mon introduction dans ce cercle familial a constitué ma première ' vraie ' rencontre avec une maman de l'immigration. Dix ans pour apprendre à se connaître quelque peu, briser les barrières culturelles, sociétales, religieuses. Lorsqu'on me la présente pour la première fois, elle me boude, la télé est allumée sur une chaîne arabe de la parabole. Je ne suis pas de ce monde, je ne le connais pas. Je ne suis pas sûr qu'elle soit très heureuse que sa fille m'ait amené là. Quelques années plus tard elle est en visite chez moi à Paris. Elle fait sa prière, je lui ai indiqué le Sud-Est, je traverse discrètement la pièce quand j'entends : « Christian, pendant que je fais la prière, tu ne passes pas devant moi. Ni derrière d'ailleurs ! ».


Entre ces deux moments, on s'était apprivoisé, on avait même voyagé ensemble au pays et on avait parlé de tout, aussi bien des enfants que des recettes de sauces de salade. A l'échelle du Monde ce n'est pas grand-chose, mais au moins c'est ce que nous avons réussi, elle et moi : nous comprendre et nous apprécier. Et j'ai pu prendre la mesure du destin d'une mère de huit enfants, venue comme tant d'autres rejoindre un mari épousé au pays. Avec la langue comme barrière, et pour seuls bagages sa force de caractère hors du commun et sa détermination à élever dans la rectitude ses enfants français. Traditionnellement, dans les communautés de l'immigration, ce sont les femmes qui préservent la cellule familiale et veillent à l'éducation des enfants. Elles sont de fait les plus éminentes représentantes de l'exil et aussi les garantes d'une certaine forme de transmission.

*Sur quels critères avez-vous choisi ces dix femmes ?
Le film se déroule dans l'agglomération dijonnaise et les premiers critères étaient qu'elles soient non seulement issues de l'immigration mais aussi maman d'enfants français. Je les ai rencontrées pour la plupart dans des centres de formation et dans des cours d'alphabétisation, je leur ai exposé le projet de la pièce de théâtre qui servirait de support au film. Elles vivent toutes dans la même région puisque le dispositif demandait une présence conjointe et une disponibilité pendant près de 6 mois.

*En quoi les scènes de théâtre leur permettent de mieux se raconter que lors d'un entretien par exemple ?
Le fait d'être dans le jeu leur a permis de se ' lâcher ', de dire beaucoup plus de choses que dans le quotidien, et la scène donne une dimension supplémentaire au message qu'elles livrent au monde. Parfois je me demandais si tout cela était vrai, tant leur l'histoire prenait une tournure tragique voire dramatique, au sens théâtral du terme. Mais l'essentiel pour elles était bien de se raconter.

*Ont-elles toutes joué le jeu ? Y'a-t-il eu pour certaines un droit de réserve familial ou autre ?
Pour toutes il était évident qu'elles devaient obtenir l'accord des enfants et aussi de leur mari lorsqu'il était présent. Au cours de mes rencontres, j'ai eu affaire à une femme musulmane qui, sous la pression de son mari ' un imam réputé radical de l'agglomération dijonnaise ' s'est frontalement opposée au fait que je vienne faire un casting dans un des centres d'alphabétisation. A cette occasion deux participantes ont résisté et sont finalement entrées dans ce projet afin de transmettre leur vécu d'abord à leurs enfants et à leurs proches. Une autre d'entre elles, pratiquante, qui a fait le voyage à La Mecque, a dû demander l'autorisation à son imam. Celui-ci lui a donné son accord pour tout, le film, le théâtre, sauf apparaître sur l'affiche : cela montre bien tout le poids du religieux, qui interdit certaines formes de représentation figées.

*Est-ce que vous pensez que certains liens durables se sont installés entre elles, alors qu'elles sont d'horizons très différents ?
Effectivement, et ça a été un des axes forts du projet ! Elles qui ne se connaissaient absolument pas, qui venaient de tant d'horizons différents, ont tissé rapidement des liens très forts entre elles. De là est né un véritable esprit de troupe qui perdure aujourd'hui. Elles ne peuvent pas imaginer venir représenter le film à titre individuel, elles ont besoin les unes des autres et se vivent comme une entité indissociable, au-delà des différences d'âge et de culture.

*Comment envisagent-elles de poursuivre dans cette voie ?
Elles aimeraient beaucoup que la pièce soit reprise et remonter sur les planches ' ce moment magique ' et plusieurs d'entres elles rêvent de se lancer dans une autre aventure, passer des castings, jouer la comédie. Elles restent tellement marquées par cette expérience qu'elles attendent impatiemment la sortie du film pour rencontrer à nouveau le public ! Ce projet a profondément bouleversé leur vie. Leurs enfants m'ont confié avoir vu leur mère changer pendant les répétitions et le tournage. Pour Oumou, qui a 74 ans, ça a même changé ses bilans sanguins. D'une façon générale cette pièce a fait office de révélation, elles ont vraiment pu exprimer des choses fortes qui sommeillaient en elles depuis longtemps.

*Pour les enfants, finalement, c'est très positif également ?
Absolument. Déjà ils ont appris à travers le récit de leur mère leur propre histoire, d'où ils viennent et pourquoi ils sont nés en France. Et ça c'est essentiel pour se construire, forger sa propre identité. Cela a énormément valorisé leur mère. Soudain, ils pouvaient être encore plus fiers de celle qui devenait à leurs yeux bien plus qu'une figure de la mère nourricière.

*Ce film a trouvé rapidement un certain nombre de soutiens, quels étaient-ils ?
Par-delà les canaux de production classiques, la région Bourgogne, les villes de Dijon et de l'agglomération dijonnaise se sont engagées dès le début. Elles ont été très vite accompagnées par des institutions plus transversales, telles l'Acsé, aux niveaux régional et national, Images de la Diversité, l'Union européenne, la Délégation Régionale aux Droits des Femmes, etc., autant de structures dont la mission est de soutenir des projets qui tendent à lutter contre toutes formes de discrimination ou qui valorisent les initiatives en faveur de l'intégration. Le projet était bien perçu comme étant à la fois un film et une pièce de théâtre, mais pas seulement, il était perçu aussi comme une forme d'action dédiée à une meilleure visibilité d'une population qui est au mieux ignorée, au pire discriminée. Une action capable de jouer un rôle dans la promotion de l'égalité hommes-femmes. Donner la parole ' rendre leur parole ' aux femmes de l'immigration n'est pas si courant.

Bien souvent ce sont les hommes ou les enfants qui témoignent de leur condition ; les mères sont le plus souvent d'une discrétion absolue, quand on ne leur colle pas cette image de pauvre femme éplorée alors que leur fils vient de se faire arrêter par la police. Dans ce film, je montre des femmes fortes, optimistes et joyeuses ! Et donner la parole à ces femmes, c'est une arme très efficace car c'est l'Amour qu'elles transmettent... Propos recueillis le 24 août 2011 par Joshka Schidlow.

Projection du film Nos ancêtres les Gauloises
Samedi 15 Septembre 2012 20h30
Musée de Bibracte
Mont Beuvray
71990 Saint-Léger-sous-Beuvray

Tél 03 85 86 52 35
Gratuit


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